Accueil > Questions de fond > Education à l’environnement et Développement Durable (EEDD) > Edito - Le Graine a t-il changé ?
jeudi 10 février 2005, par
Animation nature, éducation à l’environnement
(EE), éducation relative à l’environnement (ERE),
éducation à l’éco-citoyenneté, éducation aux
territoires,... Les termes étaient déjà nombreux
et sujets à controverses (le débat sur l’éducation
« pour » ou « par » l’environnement nous a
bien occupé l’esprit à une époque), et, comme
si cela ne suffisait pas, en voilà encore un
nouveau : éducation à l’environnement vers un
développement durable (EEDD) (là encore les
termes ont leur importance et le « vers » n’est pas
équivalent à un « pour » !!!).
Pourquoi ces évolutions ? Effets de mode ou
besoins réels ? Simples batailles sémantiques de
quelques intellectuels compliqués ou adaptations
aux évolutions de la société ? Récupérations de
sujets de société ou rapprochements avec de
nouveaux partenaires ?
Où se situe le GRAINE, réseau d’éducateurs à
l’environnement, dans ces évolutions ?
C’est à cette dernière question que nous
essaierons de répondre dans ce dossier. Quant
aux précédentes nous souhaitons présenter un
panel assez large d’articles, de points de vue, de
réflexions et de références pour que le lecteur
puisse se faire une opinion, tout en ayant la
modestie de croire que nous ne ferons pas le tour
de la question.
En 1992, alors que le GRAINE Poitou-Charentes
était à peine créé, ses acteurs ont souhaité
pouvoir se référer à une charte commune pour
positionner les valeurs qu’ils avaient en partage
et y poser les fondations de leurs pratiques. Un
tel outil n’existait pas ; il a fallu l’écrire. Après
des débats animés et une réflexion approfondie,
naissait ”la charte de qualité de l’éducation
environnementale” qui a ensuite servi de
référence dans la région et au-delà. Déjà rééditée,
elle est toujours distribuée à la demande.
Aujourd’hui, même si certains articles
mériteraient d’être revus, précisés ou adaptés,
l’esprit de cette charte correspond toujours à ce
que les militants du GRAINE souhaitent voir se
développer dans les pratiques, avec la volonté de
lier qualité et quantité des actions. Par contre,
certains termes de la charte qui paraissaient
théoriques pour beaucoup, se trouvent sur le
devant de la scène
En 12 ans, de nouvelles fenêtres se sont ouvertes
sur le monde et sur de nouvelles problématiques.
La réflexion des praticiens et des chercheurs en
éducation à l’environnement a rendu évident
que nos pratiques devaient tenir compte d’un
élargissement de vision aussi bien spatiales que
temporelles. Les concepts de citoyenneté et de
complexité auxquels nous nous référons ont pris
une dimension planétaire, et donné aux hommes
une co-responsabilité dans le présent et dans le
temps. L’action environnementale, y compris
locale, ne peut se défaire de ses liens avec le social,
le culturel et l’économique. L’action éducative ne
peut ignorer la pluralité des cultures et l’unicité de
chaque être humain.
Alors, si, aujourd’hui, le GRAINE utilise le vocable
de l’EEDD, cela ne marque pas un changement
de cap, c’est parce que ces mots semblent
compréhensibles et faire consensus auprès
du plus grand nombre (publics, praticiens et
partenaires). Cela ne nous empêche pas de suivre
avec intérêt les réflexions sur la mondialisation,
l’alter-mondialisme, la décroissance soutenable,
le développement responsable et solidaire, mais
aussi le développement personnel, l’alternance
des approches,... toujours sans prosélytisme.
Même si les publics, les adhérents et les
partenaires se sont diversifiés, nous pouvons donc
dire que l’action du GRAINE est dans la continuité
de ce qui l’a créé et qu’il est toujours, et avant tout,
un réseau d’éducateurs.?
Bernard DARIEL